Etouffant et passionnant.

Lomé, capitale chaude (jusqu’à plus de 38 degrés) et humide du Togo, Afrique de l’Ouest. Mieke Van Laer et Raf Jespers, avocats à PROGRESS Lawyers Network y ont participé à une conférence internationale sur le thème « les droits humains dans un contexte de démocratisation  en Afrique, 50 ans après la signature des deux pactes des Nations Unies (PIDCP et PIDESC) ».

   
L’auditoire Confucius de l’Université de Lomé

Dans le lumineux auditoire Confucius (construit par la Chine) de l’Université de Lomé, nous avons pu constater que l’Afrique regorge de talent et de dynamisme. Plus de 250 personnes ont participé à la conférence. Parmi les participants, une quinzaine d’invités internationaux. Des orateurs de poids ont pris la parole : entre autre Wolou Komi, doyen de la faculté de droit et Bernard Bokodjin, coordinateur de l’ONG Naddaf et organisateur de la conférence. Etaient également présents un représentant du Ministre de la Justice du Togo, le président de l’Université de Lomé et un représentant de l’Union africaine.

  
La salle était bien remplie, avec un public très intéressé.

Le message était unanime. ‘Le fait qu’autant d’Africains trouvent la mort dans la mer méditerranée en essayant de rejoindre l’Europe montre qu’il y a un problème’. Nous devons le résoudre, prendre notre destin en main ; l’instabilité démocratique est la responsabilité des grandes puissances, mais nous devons cesser de prendre le passé coloniale comme excuse. Nous devons résoudre les problèmes de nos pays nous-mêmes, fournir de l’emploi, des salaires, nous saisir de nos matières premières et ressources naturelles, élaborer des plans concrets pour sortir du sous-développement, développer un mouvement populaire pour un véritable changement, lutter contre la corruption, dénoncer la torture et les violations des droits de l’Homme et demander réparation pour les victimes, construire une société civile solide, exiger des élections justes, informer les citoyens et les convaincre de leur pouvoir,  se mobiliser pour un système judiciaire indépendant,…

 
L’organisateur Bernard Bokodjin

 
Le conférencier Wolou Komi, doyen de la faculté de droit locale

  
La présidente de l’AIJD Jeanne Mirer

Selon le doyen Wolou Komi: ‘Deux droits sont pour nous cruciaux : l’accès à nos propres ressources économiques, nos matières premières et nos ressources naturelles et le droit des citoyens de participer librement et égalitairement à la gestion des ressources publiques. Il existe un lien direct entre les ressources économiques dont dispose le pays, le contrôle sur celles-ci et les autres droits.’ Nous avons eu un aperçu de la situation du Togo : un pays où l’on trouve du phosphate, du pétrole, de l’or et un port important de l’Afrique de l’Ouest, avec un grand potentiel agricole et un littoral accueillant pour le tourisme. Mais où la population est très pauvre.

  
Beaucoup de jeunes ont participé à la conférence de manière enthousiaste

La présence massive d’étudiants et de jeunes avocats et juristes du Togo était frappante. Leur envie de se lever pour une Afrique meilleure et plus juste était énorme. Ils ont posé des centaines de questions; le dynamisme et l’engagement de cette ‘jeunesse’ était évidents, telle une éponge qui absorbe l’eau avec impatience. L’association internationale des étudiants en droit de l’Université de Lomé a participé activement à l’organisation de la conférence.

     
Parallèlement aux séances plénières, du travail a aussi été effectué dans les différentes commissions, ici par exemple la commission « réparation après la torture »  

Les organisations de la société civile foisonnent au Togo: un jeune étudiant nous a présenté son groupe de protection de l’environnement africain; dans le nord du Togo, nous avons fait une visite dans ce qui reste de la forêt tropicale (seulement 3% du territoire) avec un jeune guide qui consacre sa vie à la préservation de la forêt; un autre étudiant a formé un petit groupe qui fait tous les cours de droit en Anglais pour ouvrir leur fenêtre sur le monde; d’autres étudiants en droit ont organisé des débats autour de thèmes politiques, comme exercice pour leur défense des droits de l’Homme. Beaucoup d’étudiants nous ont demandé s’ils pouvaient venir faire un stage (d’avocat) en Europe.

  
Raf Jespers avec le guide Amen dans la forêt tropicale

En dépit de la désastreuse pauvreté dans la rue, il y a clairement de l’espoir et de l’optimisme. Il n’y a pas une seule Afrique. La situation diffère de pays en pays. La période postcoloniale est clairement terminée; les intellectuels et jeunes africains que nous avons rencontré à Lomé ne regardent plus seulement vers le passé, mais veulent aller de l’avant. 1990 a été un moment charnière avec la Charte africaine de la participation populaire au développement et à la transformation. Aujourd’hui, plus de 25 ans plus tard, la sensibilisation à faire de l’Afrique un continent démocratique et plus prospère est très présente. Nous avons rencontré à Lomé les personnes et pouvoirs nécessaires pour ce faire; les défis sont énormes, mais la volonté de changer également. 

Mieke Van Laer & Raf Jespers